TROUNN DE LEERS
MAIS QUI ETAIT TROUNN DE LEERS ?
LEERS
Les grandes fêtes du patronage Saint-Louis.
Chaque année les fêtes de bienfaisance organisées par le patronage Saint-Louis de Leers, obtiennent le plus grand succès. Celles qui eurent lieu hier ne démentirent point le renom acquis depuis de longues années.
Dès le matin une grande animation régnait, rue du Cimetière. Les allées et venues se multipliaient au point de rendre la circulation difficile. Dès 13 h 30, ce fut la grande foule. Par tous les chemins des groupes joyeux se pressaient. Les tramways venant de toutes les directions regorgeaient de voyageurs.
La promenade du géant.
14 heures, les tambours battent et la musique fait entendre la « marche » du géant. C’est le cortège qui se met en route. A travers les principales artères de la commune les groupes joyeux déambulent. Les cavaliers ouvrent la marche, puis vient un fort groupe de paysans martelant le sol de leurs sabots jaunes. Le chien « Rintintin », mû par deux énergiques jeunes gens, suit, en exécutant, toutes sortes de cabrioles.
Après un autre groupe de paysans, « Catherine » aux dimensions colossales, s’avança lentement. Malheureusement la chaleur accablante qu’il faisait à cette heure exténua bien vite les deux porteurs et, à la désolation générale, « Catherine » dut rentrer au logis.
Enfin après le char des musiciens bénévoles, le fameux « Trounn » dont le nom se répétait depuis trois semaines dans tous les environs. Traîné par quatre chevaux caparaçonnés. Il avait vraiment l’allure guerrière, le fameux chevalier de Bretagne.
A ses pieds un groupe de fillettes qui paraissaient bien menues à côté du colosse.
Ce cortège eut son charme. Après maintes poses il se termina à l’angle des rues du Cimetière et de la Mairie devant une foule très dense (Le journal de Roubaix du 29 août 1932).
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Le Géant
Trounn était habillé d’un long manteau de velours bleu natier doublé de rouge et coiffé d’un casque, il portait l’épée au côté ainsi qu’un bouclier aux armes de Leers.
Malgré ses 6 m de haut, ses traits traduisaient excellemment son allure martiale. Le sculpteur italien Spinelli avait réussi à cette occasion un véritable coup de maître.
Pour entourer Trounn, une centaine de paysans tous costumés de blanc portant sur la tête le traditionnel bonnet et aux pieds des sabots jaunes comme ceux que portaient nos ancêtres.
Une puissante cavalerie ouvrait et fermait cette cavalcade flamande.
Tout avait été soigneusement préparé durant des mois et pendant les trois semaines précédant l’évènement, les informations savamment distillées dans les colonnes des journaux locaux.
Le 9 août, le Comité avait fait un pressant appel à tous les propriétaires de chevaux de Leers, Lys, Néchin, Leers-Nord, etc … Tous étaient invités à être présents à Leers, la possession d’une selle n’était pas indispensable. Une simple couverture passée sur le cheval ferait l’affaire. Les chevaux de toutes natures seraient admis au cortège, même les plus robustes, les chevaliers du temps des seigneurs en possédaient de semblables.
Le jeudi 11 août, dans la soirée, une pluie de « papillons » avait tenu en éveil la population, durant plus d’une demi-heure par un mystérieux avion qui, survolant la commune à grande, puis à faible altitude, laissait tomber des milliers de « papillons » blancs. Ceux-ci, après avoir tourbillonné au gré du vent, venaient s’abattre dans les rues et les jardins. Le texte imprimé sur ces papillons était court : « 28 août, venez voir Trounn de Leers ».
La « Marche » du Géant
Au cours du cortège, tous les participants avaient chanté la Marche du géant Trounn. Un groupe important de musiciens avaient accompagné les centaines de chanteurs. Cette Marche était l’œuvre de deux leersois M. Alfred Desrumaux pour les paroles et du distingué chef de la fanfare Saint-Vaast, M. Fernand Mille pour la musique.
Mais qui était ce Géant Trounn ?
Mais qui était ce premier Géant mis à l’honneur à Leers en ce mois d’août 1932 ?
Ce Trounn, comme l’avaient appelé les organisateurs de ces festivités, était en fait Nicolas de FATRISSART, Ecuyer, Seigneur de Sassignies et de Bretagne, dernier noble ayant demeuré à Leers où il était décédé en son château vers mars 1602. Il était fils de Charles de FATRISSSART, lui-même écuyer et bourgeois de Lille et de Damoiselle Jeanne VAN DER NOOTE. Il avait épousé Catherine de LA CHAPELLE, Dame de Courtembus et ils avaient eu trois filles Marie, Catherine et Jeanne.
A son décès, le château devint propriété de sa fille Catherine épouse d'Enguerrand de HERNANDES qui ne devait pas l'habiter.
Pendant plus de trois siècles plusieurs familles leersoises s'y sont succédées pour exploiter les terres et occuper le château. En 1790, Jacques BRACAVAL fermier du lieu devenait le premier maire de Leers. Arthur DELCOURT devait en être le dernier exploitant en 1967.
Ce bâtiment chargé d'histoire, seul édifice civil de la commune contemporain de l'église et du château de la Royère ne devait pas résister à la frénésie de construction de la municipalité d'alors.
Ce site aurait dû bénéficier des dispositions de la Loi Malraux sur la protection du patrimoine historique et esthétique de la France. Mais cela c’est une autre histoire …
Le château de Bretagne, peu avant sa démolition. Il était édifié à l’emplacement actuel de l’école Alice Cotteaux, à l’angle des rues Jean Jaurès et Mozart.
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