LEERS GENEALOGIE

La Cense (1) de Quévaucamp à Leers

Derrière quelques maisons édifiées le long de la rue du Maréchal Leclerc à Leers, se cache, à hauteur des numéros 28 à 44, ce qui reste de la plus ancienne ferme de notre commune : les vestiges du fief (2) et de la Seigneurie (3) de Quévaucamp.

Histoire

Cette seigneurie relevait de la baronnie de Cysoing. Elle était soumise à une taxe de 10 livres au profit du seigneur propriétaire à chaque succession et au dixième de la valeur lors de chaque vente, don ou autre alénation. Elle s’étendait sur 9 bonniers (4) et 3/4. Pour en optimiser l’exploitation, le fief voisin du Quint, d’une surface de 2 bonniers et 6 cents, fut ajouté, portant ainsi l’ensemble à environ 17 hectares de terres agricoles situées sur la colline la plus élevée de la paroisse.

Cette seigneurie était dotée d’une juridiction de vicomte. La justice y était rendue au nom du roi, avec la possibilité de tenir des assises allant jusqu’à la condamnation à mort et l’exécution des condamnés.

Description de la ferme

Les vestiges actuels incluent ce qui subsiste de la demeure du censier et des bâtiments adjacents. L’ensemble comprenait autrefois :

• Un lieu manoir : un ensemble de maisons habitables, chambres, granges, étables et autres édifices, entourés de fossés avec des allées bordées d’arbres.
• Une place pour les bancs plaidoyables : utilisée pour les assemblées judiciaires du fief.
• Un jardin et des vergers : comprenant divers arbres fruitiers.

Le manoir était protégé par deux tours de fossés et un pont-levis, constituant le centre névralgique de la cense.

Vestiges actuels

Au fil du temps, les fossés sont devenus inutiles et furent comblés vers 1820 par le fermier Louis-Joseph Salembier. Les terres agricoles furent cultivées jusqu’en 1893, date à laquelle Urbain Virnot, nouvel exploitant, les utilisa pour la fabrication de briques. Ainsi, l’industrie remplaça l’agriculture.

Malgré ces transformations, une partie de l’ancienne demeure fortifiée du censier est encore identifiable. La grande ferme carrée a été partiellement démantelée et forme aujourd’hui un « U », occupé par des habitations privées. On peut encore y observer une petite tour ainsi qu’une date, 1697, témoins de l’histoire riche de ce lieu.

Documents et photos

Des extraits de cadastres successifs de 1825, 1890 et actuel permettent de visualiser l’évolution du site. Dans le dernier extrait, le « U » orangé sur fond jaune correspond à ce qui reste de la demeure du censier. L’ensemble coloré en jaune, comprenant 36 parcelles du cadastre actuel, correspond au lieu manoir décrit dans les documents anciens.

 1825

 1890

 actuel

Ci-dessous, une photo des lieux prise au début du XXᵉme siècle illustre les transformations subies par cet ensemble architectural historique.

Et enfin une photo aérienne d'une partie, toujours habitée, de l'ancienne cense de Quévaucamp, avec l'aimable autorisation de son propriétaire, M. Jérémy Rotsaert.

Notes :

1. Cense: ferme
2. Fief : terre tenue dans le cadre du système féodal, et qui n'est que l'élément le plus visible de la seigneurie. Les fiefs s'emboîtent les uns dans les autres selon les liens de dépendance suzerain/vassal.
3. Seigneurie:  institution d'Europe occidentale apparue au Moyen Âge, mais qui a perduré durant les Temps modernes. Cette institution est caractérisée par l'établissement de liens entre le détenteur d'une terre et ses habitants. Ces liens relèvent du droit féodal et privilégient les rapports de dépendance d'homme à homme, y compris dans l'exercice de pouvoirs qualifiés aujourd'hui de régaliens comme le droit de justice.
4. Bonnier, cent et verge : unités de mesure de surface, dans la région de Lille, un verge valait 8,86 m2, un cent contenait 100 verges est valait 886 m2 et un bonnier contenait 16 cents soit 1 600 verges ou encore : 14 176 m2 ou 1 ha 41 a 76 ca.  

Sources :

1. Histoire de Leers de M. l’Abbé MONTEEUIS
2. Les travaux de LEERS HISTORIQUE sur les censes de Leers
3. Recherches personnelles aux archives départementales de Lille et aux archives municipales de Roubaix.